top of page
Photo du rédacteur.

Voyage/Corée du Nord. Ma Résolution en 20121. Par Kim Jung-hee

Dernière mise à jour : 8 févr. 2021


Ma Visite et La Voie de La Réunification

Episode 1


A l’époque, comme aujourd’hui d'ailleurs, les relations entre les deux Corées étaient tendues et compliquées. Cette étrange situation n’a pas beaucoup changé depuis la partition territoriale de la péninsule, en 1945, conséquence inévitable d'une guerre fratricide et dévastatrice qui a duré trois longues années (1950 -53). Depuis 75 ans, l'accalmie observée aujourd'hui entre les deux pays est un jeu d'équilibre qui risque d'être rompu à tout moment.


Au début de l'année 2012, j’ai décidé de creuser les raisons profondes de la division de ma patrie en deux entités territoriales distinctes: la Corée du sud et la Corée du nord. Tout d'abord, je tiens à préciser que je ne suis ni journaliste ni dans aucun domaine de recherche. Je suis un simple citoyen moyen qui court tous les jours pour accomplir plus ou moins fébrilement son “métro, boulot', dodo”. Mais, comme certainement de nombreux Coréens, je me suis posé la question simple de savoir pourquoi nos deux pays n'arrivent pas à ramener la paix qui annoncerait la réunification de deux peuples forgés par une histoire commune.

J’ai donc décidé d'aller plus loin pour essayer de mieux connaitre cette partie nord de la péninsule, afin de saisir la réalité de cette autre Corée et de découvrir la vie et la valeur de ses hommes, de ses femmes et de ses enfants. Cette question, je la porte toujours dans mon cœur, comme la plaque d'un soldat parti au front.

Ma résolution en 2012

J’ai rencontré pas mal de Sud-Coréens ayant déjà visité la Corée du nord entre 2000 et 2008. Mais après 2009, l'arrivée au pouvoir de MB Lee et de Park KH s'est accompagnée d'un changement radicale de la politique sud-coréenne, devenue résolument anti nord-coréenne. Une visite dans le nord était quasiment interdite. Ayant appris cette nouvelle réalité géopolitique, j’ai dû me résigner à l'idée qu’une visite en Corée du nord relèverait d'une mission impossible.

Mais le hasard fait toujours bien les choses. Un ami pasteur m’a fait savoir qu’une de ses relations, également pasteur, vivait aux USA où il oeuvrait pour des actions humanitaires en Corée du nord, et qu'il avait projeté de visiter ce pays fermé en 2014. J’ai sauté sur cette occasion pour être du voyage.

Je suis arrivé à Pyongyang avec des expatriés sud-coréens vivant aux US, pour des actions humanitaires. La première personne qui nous a salué était notre guide, il avait l’air sympathique, son accent de Pyongyang m'a semblé plutôt charmant, et il avait l’allure d'un gentleman.

On est descendu au “Pyongyang Hôtel”. Notre guide nous a fait visiter de nombreux bâtiments historiques et d'autres symboles de l'idéologie du pays: l’arc de triomphe, les statues de Cheolrima et la grande place de Kim Il Sung. “Pyongyang Hôtel” est l'un des plus anciens hôtels à Pyongyang, construit le 1961, après la guerre.

Pour être honnête, je n’étais pas vraiment à l’aise le premier jour parce que j’étais un peu coincée avec toutes ces idées négatives et ces mauvaises images que mon esprit a absorbées pendant longtemps à travers une éducation qui consistait à haïr la Corée du nord et les nord-coréens.


Visiter la Corée du nord comporte beaucoup de significations, ça veut dire franchir une barrière bien établie depuis 65 ans, mais aussi vérifier si tout ce qui se dit et s'écrit dans les médias occidentaux est vrai ou exagéré. Il s'agit ici de connaître la deuxième moitié de ma patrie. L'occasion d'une vie. De ma vie.


Je ne trouvais pas de gens à haïr. Les jeunes serveurs ou serveuses nord-coréens sont tout aussi charmants, aussi polis et aussi souriants que les autres. Un matin, durant les allers et retours le long de la Taedong River, on pouvait voir les Nord-coréens faire du sport au bord de la rivière. Il y a beaucoup de verdure, avec des pistes pour courir ou se promener. Les gens marchent, jouent au badminton, font des exercices, les enfants sont accompagnés de leurs parents. Non, décidément, il n'y a rien ni personne à haïr ici, rien ni personne qui ne me semble menaçant. Mais il y a, par contre, plein de choses à aimer.


Le lendemain matin, j'ai enfilé mes baskets et j’ai couru sur la piste, le long de la Rivière Taedong. C'était un dimanche. Le pasteur Coréano-américan voulait amener tous nos compagnons de voyage à Chilgok Church, à Pyongyang. On y a rencontré beaucoup de nord-coréens qui pratiquent leur foi protestante. Le pasteur de Chilgok Church était content de nous recevoir. Les évangélistes nord- coréens chantent aussi pour l'amour et la gloire de Jésus.

Nous avons visité le Moranbong qui est tant apprécié par les habitants de Pyongyang, surtout par les amoureux sous les bois. On y vient aussi pour danser, chanter, pique-niquer, surtout au 1er Mai. Ce dimanche, il y a pas mal de groupes de jeunes. Tantot ils chantent, tantôt ils discutent à haute voix comme tous les coréens lorsqu'ils sont joyeux et contents.

Lendemain, on a visité la maison natale de Kim Il Sung, il y avait plein monde comme pour tous les sites historiques et touristiques : des touristes nord-coréens, des écoliers, des étudiants et beaucoup d'autres visiteurs. De petites maisons modestes, des chaumiers traditionnelles coréennes avec un puits donnent à l'endroit une authenticité indescriptible.

On a vu un pot (항아리) en céramique d'1 m de hauteur, tout tordu. Il aurait été récupéré chez la mère de Kim Il Sung qui l'utilisait pendant toute sa vie parce qu’elle était pauvre à l’époque coloniale japonaise. Le guide nous a expliqué qu’un pot même tout tordu et moche a un rôle très important et est destiné à être utile.


Les touristes nord-coréens sont bien habillés et ont exactement le même regard de curiosité et de gaité qu'on trouve chez tous les touristes d’ailleurs. Ils rient, parlent fort entre amis et font la queue.  En Corée du sud, on m'a lontemps appris qu’il fallait absolument avoir peur et se montrer méfiant vis-à-vis des nord-coréens. Je me demande de quoi je devrais avoir peur et de qui je devrais me méfier. De leurs rires? de leur joie de vivre? Dans mon esprit, c'est la confusion totale ! Pourquoi ne pourrais-je pas m’amuser comme eux? Pourquoi devrais-je me méfier de tout ce que je vois? Je réalise que l’éducation que j'ai reçue était aussi mensongère que dénuée d'esprit critique.


Devant moi, je vois plein de nord-coréens et je n’en ai pas peur! Ce voyage a été pour moi une sorte de rédemption faite de courage pour une nouvelle voie et une nouvelle vision pour mieux comprendre le mal qui peut ronger l'âme de notre société. Division et méfiance entre les peuples ne sont pas des ingrédients sains pour bâtir un monde meilleur.


Nous avons visité la tour Juché et les 3 tours thématiques (3대헌장탑, l'indépendance, unification dans la paix, l'unité nationale, 자주, 평화통일, 민족대단결). Ces tours sont construites avec des blocs énormes de granit, un matériau nord-coréens disponible localement, et non en pierre de chaux qu’on trouve souvent dans les bâtiments historiques en Europe. La tour du Juché est située au bord de la rivière Taedong, de l’autre côté, et en face de la place Kim Il Sung. C’est un grand axe urbain de Pyongyang. En haut du Juché, on a une vue panoramique sur tout Pyongyang. Au nord de la Taedong, se trouvent de nombreux bâtiments historiques et gouvernementaux. Au sud, ce sont plutôt les habitations aux couleurs pastel, vert pâle ou couleur saumon, très doux et harmonisé avec l'ensemble.


On a mangé du Raengmyon à Okryukwan, du Onmyon à Goryeo Hotel, du Bibimbap au restaurant Arirang, du boulgogui au Jindalrae ... tout ce qu’on peut trouver en Corée du sud mais avec un goût un peu moins épicé et moins sucré mais tout aussi délicieux et goûteux. Pour le petit déjeuner, entre autres, on nous a servi du lait et du yagourt épais de chèvre que je n’avais pas bu ailleurs: un vrai délice! Mais ce que j’ai mangé à Wonsan, les fruits de mers et les poissons crus, était vraiment excellent. Un voyage sans cuisine locale authentique ne vaut pas le déplacement.

Nous avons visité aussi l’arc de triomphe en granit et en marbre à Pyongyang, que le guide a fièrement présenté comme étant plus haut que celui de Paris de 5 m. De son sommet, on peut voir le côté nord de Pyongyang: Moranbong, le parc de loisir Chongryun, la tour des Communications, la Cholrima, etc.


On a fait la visite aussi du palais des enfants, qui vient d’être rénové. Les préado et ado (entre 7 et 17ans) s'adonnent ici à des activités extra scolaires, comme le sport (natation, volley, basket, badminton), la musique avce divers instruments (violons, gayagum, accordéon … etc), des travaux manuels (calligraphie, broderie traditionelle), la danse, le chant, mais aussi des expériences de chimie, de physique, des mathématiques. Toutes les activités extrascolaire sont gratuites et assurées par l’Etat. En Corée du nord, chaque ville possède ce genre de palais des enfants pour les activités extra-scolaires.





À suivre …

*Junghee Kim, activiste pour la paix entre la Corée du sud et la Corée du nord,

Onepeacefulkorea.org - jhlavorel@gmail.com





74 vues0 commentaire

Comments


bottom of page