L’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) a organisé le 18 mars 2022 à Paris une projection du film nord-coréen « La campanule » (aussi distribué en France sous le titre « Le Calice »).
« La campanule » la séance de projection du 18 mars
au Paris 13e arrondissement
L’occasion de voir, collectivement, un film nord-coréen est rare, en France ou ailleurs, en raison de la diabolisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et de la mauvaise image donnée de ce pays par les médias, grands ou petits, ce qui ne contribue pas à faire une bonne publicité.
Les images diffusées par les médias ne concernent que certains secteurs (surtout l’armée) et ne rendent pas compte de la vie quotidienne des Nord-Coréens.
Les médias se contentent souvent d’images affreuses et d’un point de vue unilatéral sans montrer la diversité de la vie en Corée du Nord. Je peux le dire légitimement parce que j’ai visité la Corée du Nord à plusieurs reprises et ai vu la vie des gens de tous les jours.
Il y a une éducation à la vérité. Il faut écouter les points de vue antagonistes ou plusieurs témoins, et déployer tous les moyens pour parvenir à cette vérité. Je me demande si les gens font assez d’effort pour découvrir la vérité sur la société nord-coréenne. Certaines informations sont tellement « polluées » que le n’importe quoi prime sur la vérité. Est-il correct de répandre une information limitée et répétitive pour orienter l’opinion des gens? Est-ce seulement moral ? Les gens vont probablement répondre oui, mais ce n’est plus mon cas, surtout concernant la Corée du Nord !
A force d’entendre toujours les mêmes chansons répétées par tous les médias, on perd l’objectivité et l’impartialité nécessaires en ce qui concerne la Corée du Nord.
Fort heureusement, la séance de projection du 18 mars était conviviale. On pouvait voir de la curiosité sur les visages des spectateurs.
L’AAFC s’est armée de courage pour aller à contre-courant et elle a une longue histoire d’amitié avec la Corée, que ce soit le Sud ou le Nord. Beaucoup des adhérents de l’AAFC connaissent la Corée du Nord.
L’histoire de la Corée moderne est très douloureuse, le 20e siècle ayant commencé par une occupation japonaise cruelle. Avec son ambition démesurée de devenir une grande puissance, le Japon écrasa la Corée et la réduisit en esclavage par la ruse et par la force. Hélas la Corée était trop faible à l’époque et n’a pas su se protéger. Pendant 36 ans les coréens ont vécu un véritable enfer.
Après l’occupation japonaise, la Corée fut divisée par les deux grandes puissances, les Etats-Unis et l’Union soviétique, et cette division continue après 70 ans.
Le film « La Campanule » ne parle pas de la souffrance de l’occupation japonaise ni de la douleur de la guerre éprouvées par les Nord-Coréens, mais de la construction du pays, dans un endroit reculé au fin fond d’une vallée de montagne. Les habitants disent qu’un tel endroit ne pourra pas se développer même après 100 ans et restera pauvre parce qu’il n’y a ni terre à cultiver, ni rivière pour pêcher, mais qu’il y a beaucoup de pierres et de pentes. Mêmes les jeunes mariées pleurent en entrant dans leur nouveau foyer, pensant rester pauvres toute leur vie.
Quelle injustice ! Pauvre ou non, le pays natal est le pays natal. Le choix est donc : abandonner ce pays natal ou y rester pour le développer, sans certitude quant au résultat. Il y aura de la sueur, des larmes, et on pourra même y laisser sa vie. Le choix est difficile mais l’amour du pays natal est là, malgré la mauvaise terre et le climat défavorable, et les gens y vivent ensemble et partagent un destin commun en suant, oui, mais en trouvant toujours une occasion de chanter.
On se pose donc une grave question.
Qu’est-ce que le bonheur ?
Vivre dans une grande ville et consommer des produits de luxe représentent-ils le paradis ultime ? Ou bien le paradis est-il de rester avec sa famille et ses amis, en travaillant ensemble pour développer un coin perdu, avec la conviction de participer à la construction du pays natal ?
Les spectateurs étaient émus et étonnés en regardant ce film classique réalisé en 1987, surtout ceux qui voyaient un film nord-coréen pour la première fois. Bien sûr, l’actrice principale est belle et pure, tantôt fragile, tantôt forte de caractère. C’était une surprise, car la littérature et le cinéma ne restituent pas une telle mentalité des Nord-Coréens.
Après la projection, il y eut beaucoup de débats et, heureusement, se trouvaient parmi les spectateurs un universitaire, un homme d’affaires, des journalistes et d’autres ayant déjà visité la Corée du Nord et prêts à partager leurs connaissances. Dans un pays socialiste, aimer son pays a un sens très fort. Ce ne sont pas seulement les biens matériels qui comptent. On se souvient comment on a combattu pour libérer le pays, coûte que coûte, au prix de nombreuses vies. On sait qu’il n’y a pas de mauvaise terre, seulement une terre qui attend d’être développée. C’est, littéralement, un pour tous et tous pour un.
Après le débat, les spectateurs ont pu déguster une nourriture typiquement coréenne.
Je félicite l’AAFC et la remercie d’avoir permis de voir un film excellent à tout point de vue.
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