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La nature modernisée par l'art. Les beautés continuées de l'île Jeju" : Park Kwang-jin

Dernière mise à jour : 24 juin 2022

L'artiste PARK KWANG-JIN, son atelier à Gangnam, Séoul

" une visite incontournable à l'île de Jeju"

PARK KWANG-JIN

Visite de son atelier à Gangnam, Séoul le 7 mai 2022.

Par A. Rina


Park Kwang-jin, né en 1935, l'artiste qui transmet le mieux la beauté des paysages de Jeju, n'est pas originaire de Jeju. Pour interviewer le paysagiste, je me suis le 7 mai rendu à son atelier de Séoul, situé près du métro Gangnam.


Quand il a découvert les taux d'infection par Omicron qui ont sévi en Corée jusqu'au mois de mars, le peintre octogénaire, lui-même en bonne santé, a été surpris au point de s'évanouir. Aussi, malgré la levée de la quarantaine début avril, il avait préparé un masque spécial, de haute sécurité, et m'a donné des instructions détaillées sur la façon de le porter.




L'atelier à Gangnam, où l'artiste travaille depuis sa prise de poste en tant que professeur d'art à l'Université d'éducation de Séoul toute proche, se trouve dans la "forêt de gratte ciels" de Gangnam, coeur de Séoul. Le complexe d'appartements en hauteur se reflétant à travers les fenêtres de son atelier est si complètement différent de ses "œuvres de paysages de Jeju" que je me suis senti obligé de demander comment il pouvait créer ici tant de paysages de l’île.


« C’est vrai. Je ne suis pas originaire de Jeju, mais de Séoul. Seulement je suis allé régulièrement à Jeju, et ce, pour ses paysages exceptionnels. Et cela m’a tellement imprégné, mon esprit a plongé si profond dans l’éblouissante vague jaune des fleurs de colza en avril, et l'herbe des prés, que mon style s'est il y a longtemps fixé sur la reproduction fidèle de la nature de Jeju. C'était une époque où la plupart des autres artistes réalisaient des peintures abstraites informelles et monochromes en raison de l'influence de l'art occidental (introduit pour de bon dans les cercles artistiques coréens après les années 1950) mais quant à moi mon attachement à la nature m'a irrévocablement uni aux paysages de l'île de Jeju. » se souvient l'artiste. Le 13 mai, j'ai visité l'exposition spéciale de la Collection d'Académie des Arts de Corée à Gangnam.



Bien qu'en raison du développement continu de Jeju, les conditions environnementales et circonstances ne cessent aujourd'hui de changer, perdurent la pure beauté et la sensation de merveille que procurent la nature et les paysages de l'île.



À Paris, des œuvres de Park Kwang-jin furent exposées à l'Unesco en 2000 et, depuis plus de 30 ans chaque automne aux “Salons Comparaisons" du Grand Palais : sans interruption jusqu’à la crise sanitaire des années 2020 et 2021 qui a vu l’annulation de ces deux dernières éditions. Cependant, à l’automne 2021 on a pu en admirer lors de l'exposition de la Collection de l'Académie coréenne des Arts au Centre Culturel Coréen. Cet artiste passionné est reconnu à Paris et dans toute l’Europe à travers de très nombreuses expositions personnelles.


L'exposition permanente 'Park Kwang-jin' de l’annexe du Musée d'Art Contemporain de Jeju présente des œuvres qui préservent « l'ancienne apparence de Jeju », axe central du monde artistique de l’île. On y perçoit l'atmosphère paisible du vieux Jeju, capturée des années 1960 aux années 2000 : la côte, les villages, l'oreum, les champs d'herbe argentée, les champs de colza et le mont Halla. Au cours de ses soixante années de travail, la plupart des œuvres du peintre sont des paysages nés de son amour pour les montagnes et les ruisseaux. Comme il fut plein d’énergie et artiste baladeur, vous pourrez admirer les saisons du mont Halla que l'artiste a saisies au fil de ses sentiers de randonnée, mais aussi depuis les monts Jeolla-do, Gangwon-do et Hamgyeong-do.


Cependant, l'artiste n'est pas absolument fidèle au style réaliste. Influencées par l'impressionnisme, ses couleurs se sont mises à briller de façon plus claire et à onduler. Et à partir du début des années 2000, elles s'écartent franchement des couleurs traditionnelles du vieux Jeju. Un nouveau motif intitulé "lignes monochrome modernes" couvre plus de la moitié de ces toiles d'une seule bande de couleur, et fait entendre à l’oreille du peintre le mystérieux "écho de la ville natale du cœur" entre les sons de la nature (des fleurs de colza ou de l’herbe vive).


The Sound of Nature (2001)


Comme Roger Bouillet, critique d'art, l’a observé : « Ses images sont composées d'un motif tel qu'une intersection étroite entre la ligne de brûlure et la ligne sombre début des années 2000. Selon le point de vue, cette bande peinte, impliquant une conversion entre Yin et Yang, symbolise une mystérieuse logique entre le physique et le mental, ou entre le temps qui s’écoule et la nature éternelle. »





Park Kwang-jin appartient à la première génération coréenne d'artistes – au sens contemporain du terme. Et le réalisme figuratif a joué un rôle majeur dans le développement de l'art coréen du XXe siècle. En témoignent les œuvres et les activités du groupe 'Mokwoohoe'. Devenu en 2008 membre de l'Académie coréenne des arts, Park a aidé à ouvrir le premier musée d'art moderne de l'île de Jeju en faisant don de 190 tableaux. Ont suivi la Maison d'artiste Park Seo-bo et le musée de Kim Tschang-Yeul , peintre parisien de “gouttes d'eau”. Montrant les grandes toiles en chantier dans son atelier de Gangnam, Park déclare : « Lorsque je les aurai toutes classées, je prévois d'en faire don à Jeju. Sans doute cette année, sitôt que le Musée d'art moderne de Jeju II sera construit. »


Park a reconnu la valeur des « paysages naturels caractéristiques de l'île de Jeju » et au moyen de son pinceau les a saisis de façon cohérente un demi-siècle durant. Élire pour sujet les simples fleurs de colza et l'herbe argentée des champs de Jeju plutôt que des roses magnifiques et prestigieuses est le fait de son affection pour une esthétique « moderne ». En ce XXIe siècle ses œuvres conduisent aussi bien dans le passé pour nous dévoiler la vie de l'ancienne île de Jeju… que dans le présent où se prennent dans les toiles l'air et l'ambiance d'aujourd'hui.

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