2030 — Déterminés à se créer un avenir hyperconnecté, créatif, audacieux et respectueux de l'environnement, entrés sur le marché du travail depuis le commencement des années 2010, les membres de la génération MZ sont aux commandes en Corée. Ils se consacrent désormais à une expansion mondiale de leur pouvoir et influence.
À Séoul, c'est aujourd'hui le terme collectif MZ qui regroupe les Millenials (ou génération Y : personnes nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990) et la génération Z (personnes nées après 1998). Les MZ renforcent la culture sur l’industrie de manufacture historique de la Corée. Non-expérimentées de guerre concrète, elles n’ont pas peur de missiles balistiques du Nord. Plûtot elles conduisent la nouvelle ère de ‘30 Années Glorieuses de Corée’: BTS Army, Squid Game, dramas… Exerçant, et acceptant, une influence fondée sur les réseaux sociaux, les MZ privilégient le bonheur personnel plutôt que collectif, le partage plutôt que la possession, l'expérience plutôt que les biens. Défis sociaux communautaires, nationaux et mondiaux se sont multipliés depuis l'invasion russe en Ukraine. Et pour les Z de cette “génération”, ne comptent plus ni la guerre de Corée ni la dictature d'État des années 60-90 : elles ont grandi avec le Myanmar, la mise au pas de la tourmente de Hong-Kong et la déflagration du Brexit, les crises régionales et celles liées à la mondialisation, l'essor incontrôlé des GAFA, l'inexorabilité éventuelle du changement climatique… Et tout récemment avec le Covid-19, et l'invasion russe en Ukraine.
De fait, les Z sont avant tout des « digital natives », nés après l'irruption massive du numérique – internet et smartphones – dans nos vies.
Qu'ils soient lycéens stars d'Instagram, fondateurs de start-up, virtuoses d'e-games et autres consoles, ces jeunes de 18 à 25 ans apprennent par eux-mêmes devant des écrans omniprésents et tentateurs. Dans des sociétés incertaines, cette génération a dès l'âge tendre plus appris à rouler mouse qu'à rouler leur bosse. Les Z vivent ce qui pour eux est une évidence : grâce aux possibilités infinies du virtuel, leur ambition et leur intelligence vont changer le monde. Au bout de leurs doigts, les réseaux sociaux créent un écosystème générateur de richesses. Acceptant cet état de fait, pour décider de leur propre destin ils sont hyperconnectés. Arme privilégiée d'expansion ? Leur smartphone, qui sert à chacun non seulement à communiquer et s'informer mais à élaborer puis construire son ou ses identités, et à s'engager.
Réalistes, hyperconnectés, inventifs : telles sont les lignes directrices par lesquelles se définissent les tenantes et les tenants de la Génération MZ.
Conflit de genre en 2030
Contrairement à ce qui s'est passé en France où 68 a entraîné de profonds changements favorables à l'entrée des femmes sur le marché du travail, aucune évolution du système social coréen n'y a préparé le pays. Or, depuis le début du XXIe siècle, le taux d'augmentation des activités économiques féminines a été extrêmement rapide. Ni l'État ni le peuple ne pouvaient réagir à ce bouleversement inédit.
Lee Jae-myung
Lors de l'élection présidentielle du 9 mars,
Lee Jae-myung (battu par un infime écart de 0.73%) a reçu dans toutes les régions de Honam (Jeollados) le soutien écrasant de plus de 80 % du vote des femmes entre 20 et 40 ans. Et sur l'ensemble du pays, les résultats électoraux révèlent un vote des électrices entre 20 et 30 ans à 58 % pour Lee Jae-myung contre 33,8 % pour Youn (après 30 ans, aucune différence significative). Ce résultat très nettement en faveur du candidat Lee étant pressenti très avant le scrutin, certaines études expliquent ainsi le recentrage stratégique de son adversaire – finalement vainqueur – sur ce qui a semblé favoriser un engagement suprémaciste masculin : conflictualisant les questions de genre puisqu'il savait ne plus pouvoir gagner le vote des très jeunes femmes.
Yoon Seok-ryeol
L'élection de Yoon Seok-ryeol a donc souligné l'opposition entre les genres, le président élu recueillant le vote de 58,7 % des « hommes dans la vingtaine ». Pourtant les conservateurs ne sont pas toujours du côté de l'intégrisme masculin.
En dépit de sa stratégie électoraliste, on espère que la nouvelle administration du président Yoon, qui a pris ses fonctions le 10 mai, identifiera la racine des problèmes économiques de la génération MZ, trouvera des solutions au marché du travail de l'ensemble des jeunes et réduira les conflits liés aux questions de genre.
Les résultats d'une enquête IFOP du 20 avril 2022 révèlent que le nombre d’électrices qui trouvent que Marine Le Pen est « féministe » est nettement supérieur (49 %) à la proportion de femmes qui qualifient Emmanuel Macron de « féministe » (30 %). Par ailleurs, « Au second tour de 2002, le vote en faveur de son père était deux fois plus faible chez les femmes (11 %) que chez les hommes (26 %). Cette différence n'existe plus. » a précisé François Kraus (20 avril 2022 par Jeanne Paturaud et Mayeul Aldebert).
Sous le règne du président Park Chung-hee (années 60 et 70), empruntant le modèle économique japonais lui-même inspiré du modèle centralisateur français de De Gaulle, la Corée multiplie les plans de développement et transforme son économie.
Défendant une vision des emplois du futur en Corée, à destination justement de la génération 2030, le gouvernement Yoon Seok-ryeol brosse le tableau à venir d'une « société intégrée » qui « résou(dra) les conflits de genre ». Selon le gouvernement, la génération 2030 aura un niveau d'éducation très élevé. S'y multiplieront des start-up informatiques prospères, de jeunes entreprises à risque et plus généralement des jeunes économiquement riches.
Toutefois, jusqu'ici, génération après génération la plupart des jeunes sont placés dans l'urgence de trouver un emploi, et gouvernement et entreprises ont l'obligation de coopérer afin de redynamiser le marché du travail.
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